vendredi 16 février 2018

"L'intérêt de l'enfant" de Ian McEwan


Ian McEwan, le "Maître des lettres anglaises" est né en 1948 à Aldershot : il est romancier et scénariste.

Ian McEwan

Dès le début des années 1980, Ian McEwan s'impose sur la scène littéraire britannique avec deux recueils de nouvelles : First Love, Last Rites (1975, prix Somerset Maugham), et In-Between the Sheets (1978).
Mc Ewan s'y montre fasciné par la perversion et l'interdit.

Insolite et insolente, provocatrice, hautement originale, l'oeuvre de Ian McEwan surprend par ses tours de force de concision et d'humour. 
Il joue avec les énigmes, tant policières que psychologiques.

L'Intérêt de l'Enfant , paru en 2014 est publié chez Folio en avril 2017.


A l'âge de 59 ans Fiona Mayes est une brillante magistrate de la Haute Cour de Londres où elle exerce en tant que juge spécialiste du droit de la famille.

Passionnée par son travail, elle en délaisse sa vie personnelle et son mari Jack, surtout depuis une nouvelle affaire:

Adam Henry, un adolescent de 17 ans atteint de leucémie risque la mort, car les croyances religieuses de sa famille, Témoins de Jéhovah, interdisent la transfusion sanguine qui pourrait le sauver.

Avant de rendre son jugement, Fiona décide brusquement de se rendre à l'hôpital pour rencontrer le jeune homme, mais cette entrevue la trouble ...

Dans un style limpide, Ian McEwan construit une de ces ambiances oppressantes dont il a le secret.

Les certitudes se dérobent : où commence et où s'arrête l'intérêt de l'enfant ?

L'éthique, la religion et la loi s'entremêlent avec virtuosité et profondeur dans ce roman écrit avec une maîtrise impressionnante.

On ne quitte pas facilement ce livre écrit avec une intensité rare.

Voir ici son passage à La Grande Librairie à propos de ce roman.

A noter son dernier livre : Nutshell, paru en 2016 et publié chez Gallimard en 2017 (Dans une coque de noix) : où un foetus mène l'enquête...


vendredi 9 février 2018

Kamo No Chômei : Notes de ma cabane de moine


Il s'agit là d'un court récit autobiographique d'une limpide simplicité, rédigé en 1212 par Kamo No Chômei, fils d'un prêtre shintoiste.


Ce petit livre est publié en 2010 aux Editions Le Bruit du Temps (80p, 11€) :  voir ici.

Kamo No Chômei

Ces notes s'ouvrent par le constat de l'universelle précarité de la vie humaine.

Il relate tout d'abord les différentes calamités auxquelles il lui a été donné d'assister: ouragans, incendies, transfert de la capitale de Kyoto à Fukuhara, famines, tremblement de terre.

Autant de raisons de sentir avec intensité "l'impermanence de toutes choses en ce monde, et la précarité de sa propre vie."

Que faut-il donc faire pour goûter un instant le contentement du coeur?

Il vient à l'idée de Chômei de se construire un ermitage : ses demeures deviennent plus modestes à mesure qu'il vieillit, jusqu'à la "toute petite bicoque" posée à même le sol où il passe ses dernières années.

Modèle de la cabane de Kamo No Chômei
dans le Monastère de Shimogamo-Jinja près de Kyoto

Il y vit une vie fruste, agrémentée de poésie et de musique; il contemple les paysages.
Il a emporté quelques livres et son biwa - une sorte de luth.

Kamo No Chômei et son biwa

Il ne cache pas ses moments d'émotion, voire de tristesse : "il mouille sa manche de ses larmes" lorsqu'il entend le cri des singes et songe à ses amis disparus...

Il témoigne de ses progrès sur la voie du bouddhisme, du détachement et de la sagesse intérieure : "J'assimile ma vie à un nuage inconsistant, je n'y accroche pas mon espoir et n'éprouve pas non plus de regrets."

"Ce récit est un mémorial plein de fraîcheur et de sentiment que l'on pourrait comparer aux livres de l'Américain Thoreau." Paul Claudel.



samedi 3 février 2018

Charles Wagner : La vie simple


Charles Wagner est né le 3 janvier 1852 à Vibersviller, en Moselle et est mort le 12 mai 1918 à Neuilly-sur-Seine.

Charles Wagner

La famille Wagner, une famille de pasteurs luthériens s'installe en 1854 à Tieffenbach, en Alsace.
A la mort de son père, en 1859, l'enfant fut élevé par sa mère et son grand-père pasteur et partagea la rude vie des paysans alsaciens à Ottwiller.

Il fit ensuite ses études aux  Facultés de Théologie Protestante de Paris et de Strasbourg.
Il prit son premier poste pastoral à Barr, en Alsace, dans le Bas-Rhin, puis il prit un ministère dans les Vosges, à Remiremont et ensuite à Paris.

Sa théologie moderne, libérale et indépendante l'éloigne de toutes les orthodoxies : "Je ne suis ni catholique ni protestant ni juif, mais un peu tout cela à la fois, non en sceptique qui rit de tout, mais en croyant qui croit plus que ce que contiennent les formules."

Il pratique un christianisme chaleureux, prend la défense des faibles, lutte contre les injustices et les exclusions.

Son influence s'accroit rapidement tant auprès des intellectuels parisiens que des ouvriers des faubourgs.

Il créera le Temple Protestant du "Foyer de l'Âme", une église réformée de tendance libérale, dans le 11° Arrondissement à Paris, dans une rue qui porte désormais son nom (7bis rue du Pasteur Wagner) à côté de la Bastille.

Temple protestant du "Foyer de l'Âme"

En novembre 1911, il invite au "Foyer de l'Âme"Abdu'l-Baha Abbas le chef Persan de la foi baha'ie, promoteur d'une religion universelle.

Poète et conférencier remarquable et renommé, il commence sa carrière littéraire en 1890 avec Justice, Jeunesse, l'Ami, Sois un Homme, etc, mais c'est surtout La Vie Simple (1895), qui le fit connaitre à un large public, et même en dehors des frontières françaises.

Il s'agit là d'un livre, certes "daté", mais on arrive vite à s'approprier à sa lecture, un message universel, proche des messages bouddhistes et taoïstes, eux aussi "datés", quant aux conditions d'une vie intérieure riche et d'un accès au"bonheur"dans notre époque troublée, et passablement déboussolée.

La plupart de ses livres sont traduits en anglais.


En 1904, à la demande du Président Theodore Roosevelt, qui avait lu une traduction de La Vie Simple, Charles Wagner s'embarque pour une tournées aux Etats-Unis où il donnera 150 conférences et restera deux mois. 


Il fut reçu à la Maison Blanche et Roosevelt déclara : "S'il y a un livre que je souhaite voir lire par notre peuple entier, c'est "La Vie Simple" de Charles Wagner".

"Puissent ces pages, en se répandant ramener l'attention de beaucoup de nos contemporains sur le premier de tous les sujets : l'emploi et l'organisation de la vie.
Et puissions nous, en méditant sur ce problème des problèmes, arriver à comprendre que le bonheur, la force et la beauté de l'existence ont pour une grande part leur source  dans l'esprit de Simplicité".

"La joie n'est pas dans les objets, elle est en nous".

"Souviens toi de l'essentiel, oublie l'accessoire" (Charles Wagner)

Charles Wagner laisse l'empreinte de l'un des grands guides spirituels de son temps et nous laisse une leçon de vie essentielle toujours valable pour notre époque.

Ce livre, dans son édition de 1902, peut être consulté gratuitement ici.