vendredi 10 novembre 2017

Léon Bloy, imprécateur par amour


Léon Bloy, né le 11 juillet 1846 est mort le 3 novembre 1917, il y a 100 ans.



C'est un romancier, essayiste français, et polémiste célèbre, fils d'un franc maçon et d'une ardente catholique.
Il s'appelait lui-même "le mendiant ingrat", ou "le pèlerin de l'absolu".

La rencontre avec Barbey d'Aurevilly sera pour lui l'occasion d'une profonde conversion intellectuelle, qui le ramène à la foi catholique.

Imprécateur, et pamphlétaire "par amour", comme il se nommait lui-même, Léon Bloy est l'écrivain de l'excès, de la démesure, de l'engagement total.

Il consacra sa vie et son oeuvre à la défense des pauvres, à la dignité de l'homme, à l'amour de Dieu, à la figure du Christ.


Il n'eut de cesse d'attaquer "le bourgeois", cet homme "qui ne fait aucun usage de la faculté de penser".

Il s'en prend, au nom de cet Absolu, aux politiques, aux écrivains, aux journalistes, aux athées et aux chrétiens eux-mêmes, qu'il attaque avec une violence magistrale.

Un siècle après sa mort, il est urgent de reprendre contact avec l'oeuvre immense de cet écrivain si singulier qui ne voyait pas qu'il fut possible d'écrire autrement "qu'au seuil de l'Apocalypse ".

Le premier roman de Léon Bloy, "Le Désespéré"(1887), largement autobiographique, est un pavé dans la mare de tous les conformismes.


Ce livre est un cri de révolte, un "amoureux blasphème", un pamphlet au vitriol contre la foule des "digérants" républicains et la "Grande Vermine des Lettres".

La langue de Léon Bloy est étonnante, magique, en un sens, barbelée de mots rares, étrangement mystique et d'une surprenante modernité et qui traduit de façon émouvante l'inquiétude spirituelle propre à tout être humain.

"La Femme Pauvre" est un grand roman poétique, magnifiquement écrit, dominé par l'image du feu, qui glorifie la femme, et qui revisite un vieux thème chrétien qui consiste à faire de la pauvreté une voie vers la rédemption.


"La Femme Pauvre" parvient à la lumière lorsque, dépouillée de tout, elle est laissée à la totale solitude et à la misère absolue.
Au delà de toute tristesse et de tout malheur humain, elle accède à l'univers spirituel et "sa continuelle prière est une torche secouée contre les puissants...".

J'ai pris beaucoup de plaisir, mais beaucoup plus que celà, j'ai été interpelé par son Journal I (1892-1907) où nous sautent en pleine figure les colères, les peurs, les exaltations d'un pèlerin de l'absolu : ses mots frappent, font sursauter, interrogent.


Léon Bloy se lance avec véhémence dans le déchiffrement de ce qu'est l'homme, il le fouille sans aucune complaisance, met à nu ses faiblesses, ses souffrances...

Ce pamphlétaire mystique intransigeant est à relire de toute urgence, dans notre époque "communicante", abâtardie, et qui ne cesse de se chercher, désespérément.


6 commentaires:

  1. Curieux hasard : feuilleté il y a deux jours dans une boutique de vieux bouquins un livre de Georges Rocal intitulé "Léon Bloy et le Périgord"...il était cher je ne l'ai pas acheté...
    Je n'ai rien lu de Léon Bloy : que me conseilles-tu ?
    Très amicalement
    JC

    RépondreSupprimer
  2. Je te conseillerais "La Femme Pauvre", justement, et ce texte fort, mystique et violent est en poche dans les 14€ ou en occasion.
    Bonne lecture et amitiés,

    JPS

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pas facile à trouver ...Finalement j'ai trouvé et acheté sur ma tablette Kobo plusieurs oeuvres de Bloy (dont "la femme pauvre") pour la somme de 1,99 euros.
      Amitiés
      JC

      Supprimer
  3. Bonjour,
    d'où est tiré le 2e portrait de Bloy sur la page?
    Merci d'avance

    RépondreSupprimer
  4. Ce dessin de Bloy vient de ce site, par les hasards d'Internet, site avec lequel je n'ai aucun lien de quelque ordre que ce soit...
    http://www.archiveseroe.eu/bloy-a48388790

    RépondreSupprimer