vendredi 20 novembre 2015

Hemingway : Paris est une fête


J'avais envie depuis longtemps d'écrire une petite note sur "Paris est une fête", d'Hemingway, dans ce blog consacré aux livres que j'aime et que je souhaite partager.

Surtout après la sortie du film "Midnight in Paris "de Woody Allen, qui met en scène Hemingway et des personnages évoqués dans ce livre : Scott Fitzgerald, Ezra Pound, Gertrude Stein,...
Voir ici .

Ernest Hemingway

Il se trouve que depuis les attentats du 13 novembre à Paris, ce roman magnifique fait un retour - pas si stupéfiant que cela - en tête des ventes...pour des raisons que tout le monde a en tête.

Pour moi, en ce moment, Paris, c'est mon quartier de prédilection, le XI° arrondissement, meurtri sauvagement dans la chair de ses amoureux de la Vie, auxquels je ne cesse de penser. 

Les barbares décervelés et manipulés qui tuent soi disant au nom d'Allah ne peuvent tuer cette Vie là.
Ils ne font que se sacrifier eux même au nom d'une cause déjà perdue.

Ce livre est devenu un hommage aux victimes et un symbole de liberté.
Des exemplaires sont déposés entre fleurs et bougies devant les bars visés par les assassins terroristes.
On le trouve déposé devant le Bataclan.


Entre les fleurs près du Bataclan.
Pendant la minute de silence lundi, nombre de personnes tenaient ce livre à la main.

N'empêche que je ne peux m'empêcher de dire ici, à mon tour, mon admiration pour Hemingway et tout particulièrement pour ce livre publié de manière posthume en 1964, sous le titre "A Moveable Feast".



Il parait en français, la même année, sous le titre "Paris est une fête" (Gallimard), traduit par Marc Saporta.


Cette histoire est autobiographique, mais l'auteur y mêle son imaginaire aux faits réels : en 1921 un jeune journaliste américain arrive à Paris avec sa charmante épouse. Le couple vit d'amour et de vin frais... de 1921 à 1926.



Les souvenirs y sont tendres et joyeux, la vie y est folle et insouciante, mais il ne s'agit pas d'un conte bleu, car le cadre s'élargit : il y a Gertrude Stein, Ezra Pound, Scott Fitzgerald...et avant tout un amour pour Paris qui ne peut que me faire vibrer, même si certains quartiers du Paris d'alors ont bien changé.


Chaque partie de ce livre est élaborée avec précision, sans artifice ou effet littéraire.
Une belle écriture, une ode à l'amour, à la Vie simple, aux rencontres,...
Les amoureux de Paris se réjouiront de suivre ses pérégrinations dans les rues et les ruelles, ses haltes dans les cafés et les bistrots enfumés : des moments magiques décrits avec brio et simplicité par une personnalité fascinante.

"Il n'y a jamais de fin à Paris et le souvenir qu'en gardent tous ceux qui y ont vécu diffère d'une personne à l'autre.

Nous y sommes toujours revenus, et peu importait qui nous étions, chaque fois, ou comment il avait changé, ou avec quelles difficultés - ou quelles commodités - nous pouvions nous y rendre.

Paris valait toujours la peine, et vous receviez toujours quelque chose en retour de ce que vous lui donniez.

Mais tel était le Paris de notre jeunesse, au temps où nous étions très pauvres et très heureux"
(Folio, p 241)

Un livre essentiel qui nous fait voyager à travers le temps en bonne, très bonne compagnie, un livre à dévorer pour tous les amoureux de Paris.

Voir ici l'article de JCMEMO du 9 novembre 2014.

mardi 10 novembre 2015

Méditations d'automne, en Alsace


L'automne en Alsace a un charme indéfinissable, que seuls les poètes peuvent transcrire et nous communiquer!

C'est le moment pour moi de redécouvrir quelques poètes "classiques", peut-être oubliés, avec un brin de nostalgie propre à cette belle saison, des poètes qui ont nourri nos jeunes années, car ...

... Nous sommes nés pour porter le temps, non pour nous y soustraire,
Ainsi qu'un journalier qui ne quitte la vigne qu'à la tombée du soir.
(Jean-Paul de Dadelsen, Bach en automne)

Kaysersberg



 Les feuilles dans le vent courent comme des folles ;
Elles voudraient aller où les oiseaux s’envolent,
Mais le vent les reprend et barre leur chemin
Elles iront mourir sur les étangs demain.
(Anna de Noailles, Le coeur innombrable)



Salut ! bois couronnés d’un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards !
(Lamartine, Méditations poétiques)


Dans le parc aux lointains voilés de brume, sous
Les grands arbres d’où tombe avec un bruit très doux
L’adieu des feuilles d’or parmi la solitude,
Sous le ciel pâlissant comme de lassitude,
Nous irons, si tu veux, jusqu’au soir, à pas lents,
Bercer l’été qui meurt dans nos coeurs indolents.
(Albert Samain, Le chariot d'or)

Colmar


Sois le bienvenu, rouge Automne,
Accours dans ton riche appareil,
Embrase le coteau vermeil
Que la vigne pare et festonne.

Père, tu rempliras la tonne
Qui nous verse le doux sommeil ;
Sois le bienvenu, rouge Automne,
Accours dans ton riche appareil.
(Théodore de Banville)



Comme un monde qui meurt écrasé sous son Or,
La Forêt automnale en son faste agonise
Et ses feuilles, comme les pièces d’un trésor,
S’amoncellent sous le râteau fou de la bise.
(Gaston Couté)


Photos "Le Promeneur du 68"