samedi 4 avril 2015

Anton Tchekhov : La Mouette


Anton Tchekhov (1860-1904), sur cette photo a le visage fin d'un homme d'une quarantaine d'années, marqué par la fatigue, les cheveux emmêlés, et la barbe taillée en pointe, un peu négligée, où paraissent des poils argentés.

Anton Tchekhov

Son sourire est légèrement et tendrement moqueur et derrière les verres du pince-nez, on sent un regard plein de gentillesse : cet homme observe et comprend.

Tchekhov est l'un de mes auteurs préférés, et je n'ai pas fini de le découvrir!

Il termine ses études de médecine en 1884 et prend en charge ses patients bénévolement.

Il écrit 649 nouvelles et récits entre 1880 et 1887 et une quinzaine de pièces de théâtre entre 1884 et 1904 et dès 1886, il privilégie son activité littéraire.

Dans ses contes et nouvelles, une pauvre humanité défile devant nous, hommes, femmes, enfants ; on y rencontre des bêtes aussi, victimes de la bêtise, de la brutalité, livrées sans défense à l'injustice.

Si, en refermant ses livres, nous éprouvons de la tristesse, s'y mêle aussi de la drôlerie, un côté satirique, mais surtout une certaine douceur, une tendresse que les russes appellent "tchekhovienne"...une foi profonde et lucide dans la bonté foncière de la nature humaine.


Parmi toutes ses pièces, que j'ai eu l'occasion de voir et d'apprécier (Oncle Vania, Les Trois Soeurs, La Cerisaie, Platonov, La Mouette,...), celle qui a ma préférence est sans nul doute "La Mouette", certainement parce qu'en des temps reculés, où je prenais des cours de théâtre, j'ai eu l'occasion de jouer le rôle de Trigorine, et de rentrer profondément dans une écriture qui me touche toujours au plus haut point. Voir ici.

"La Mouette" est une dramatique et poignante comédie de moeurs.

La plupart des personnages qui y sont décrits sont des gens sensibles et convenables.
Ils rêvent que leur vie va s'améliorer et beaucoup, cependant, en vain.

Il y a là un certain sentiment d'impuissance et d'inutilité, une auto-compassion exagérée, un manque d'énergie et de volonté.
Les personnages se révèlent en général incapables, ou bien sans réelle volonté de faire bouger cette évanescence qui les paralyse.

On assiste à un affaiblissement intellectuel croissant de personnes pourtant intelligentes...

Dans "La Mouette", il y a juste des personnages confrontés à la sclérose des habitudes et à l'usure du temps auxquels rien ne résiste.

Les personnages, comme Treplev, s'apercevront, trop tard, qu'ils ne parviendront pas à vivre avec ce que la nature leur a accordé comme talents.

Dans "La Mouette", le temps n'en finit pas de s'écouler, l'amour n'est jamais payé de retour, et tout s'achève sur une tragédie, celle de l'amour irréalisable, dérisoire.

Mais malgré tout, il y a une tendresse impalpable, une tendresse qui est d'un autre monde...


"Jardinier des Lettres, Tchekhov sème des mots simples, de petites graines grises, sans odeur ni saveur particulières et, ô miracle, nous les voyons fleurir comme en rêve, prendre des couleurs d'une tendresse surnaturelle.
Et dans le silence, ce que nous entendons, c'est la musique de l'âme." Antoine Vitez



1 commentaire:

  1. Egalement un de mes auteurs favoris ! Son théatre que je connais assez : j'ai vu (depuis des décennies....) la plupart de ses pièces maintes et maintes fois dans des productions très différentes...Tout comme toi j’ai une tendresse particulière pour « La mouette » (adaptée avec talent par Claude Miller en 2003 dans son film ‘La petite Lilli’).
    Il est vrai aussi que la lecture du théatre (de manière générale) ne me satisfait pas pleinement). Fort heureusement il reste les nouvelles que je découvre avec délice depuis peu de temps et qui sont devenues pour moi comme un livre de chevet.
    Amitiés.

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