mardi 14 octobre 2014

Simone Weil : perdre quelqu'un...



Simone Weil (1909-1943),  philosophe française, née dans une famille d'origine juive, s'est rapprochée du christianisme. Elle a suivi un parcours étonnant, qui la mènera du statut de jeune fille de la bourgeoisie à la plus atroce misère matérielle.
Animée d'une soif d'absolu qui la fait vivre, comme d'autres vivent de pain, elle rend compte, dans ses livres, de cette aventure exceptionnelle, de son exigence et de son destin.
Elle passe quelques semaines en Allemagne, au cours de l'été 1932, afin de comprendre les raisons de la montée du nazisme. Elle exprime, à son retour, avec beaucoup de lucidité, ce qui risque d'advenir. Agrégée de philosophie en 1931, elle abandonne provisoirement sa carrière s'enseignante en 1934 pour devenir ouvrière chez Alsthom, puis pour travailler à la chaîne chez Renault. Elle écrira peu après son "Journal d'usine". Elle reprend ses enseignements de philosophie et donne une grande partie de ses revenus à des personnes dans le besoin.

Ce n'est qu'après sa mort que ses amis découvriront la profondeur inouïe de sa vie spirituelle."La pesanteur et la Grâce", recueil de ses réflexions les plus intimes, comme ses autres livres, ne sera publié qu'après sa mort. Cette pensée qui y figure m'a particulièrement touché:


"Perdre quelqu'un : on souffre que le mort, l'absent soit devenu de l'imaginaire, du faux. Mais le désir qu'on a de lui n'est pas imaginaire. Descendre en soi-même, où réside le désir, qui n'est pas imaginaire. Faim : on imagine des nourritures, mais la faim elle-même est réelle : se saisir de la faim. La présence du mort est imaginaire mais son absence est bien réelle ; elle est désormais sa manière d'apparaître."

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