samedi 25 octobre 2014

Hermann Hesse : Siddharta, "Celui qui accomplit son but"


« Celui qui accomplit son but », c’est Siddharta, en sanscrit. 
  
                        
Ce conte philosophique du même nom  a été écrit par Hermann Hesse en 1922. Il nous plonge dans l’Inde du VI° siècle avant notre ère. 
Siddharta est un jeune homme admiré pour son intelligence et sa sagesse, mais qui n’en est pas satisfait. Il est en permanence à la recherche de son « moi ». 

Quittant la vie brahmanique, il choisit – pour un temps -  de devenir un Samana, un pèlerin vivant dans une extrême pauvreté. Mais ce faisant, il se rend compte qu’il n’avance pas dans la recherche de lui-même. 
Il rencontre Gautama, le Bouddha. Tout en étant fortement impressionné par son enseignement, il ne choisit pas de devenir  l’un de ses disciples, refusant de s’assujettir à la loi d’un Maître, aussi saint soit-il : c’est en lui-même, et en suivant sa propre voie qu’il veut trouver l’illumination.
Quelles qu’en soient les conditions, même s’il faut retourner dans le monde des hommes et affronter la vanité de l’existence. Ce qu’il fait pendant un temps, avec un succès matériel et matérialiste indéniable ; mais il finit également par quitter brusquement ce monde des apparences, le Samsara, et par s’acheminer à sa façon vers la paix intérieure.
« Il constata encore qu’une chose s’était détachée de lui, comme la peau se détache du serpent, qu’une chose n’existait plus en lui, qui l’avait accompagné durant sa jeunesse, qui lui avait appartenu : c’était le désir d’avoir des maîtres et d’écouter leurs préceptes. »
                             siddharta.1255850824.jpg
« Le savoir peut se communiquer, mais pas la sagesse. On peut la trouver, on peut en vivre, on peut s’en faire un sentier, on peut, grâce à elle opérer des miracles, mais quant à la dire et à l’enseigner, non, cela ne se peut pas,… »
On trouve mis en évidence dans ce roman l’ingrédient essentiel de toute sagesse, à savoir le détachement, même du but le plus élevé. Tout attachement est cause de souffrance. C’est très bouddhiste et en même temps très stoïcien.
Siddharta  souffre en permanence de son attachement aux biens matériels, aux idées, même les plus élevées, aux buts spirituels les plus dignes que l’on s’y consacre de toute son âme et aux êtres. Il accepte ainsi, non sans grandes difficultés intérieures, de « perdre » son fils, si différent de lui, et de le laisser vivre sa propre vie.
Finalement, voila ce qu’il découvre, après un cheminement hésitant, tortueux et parsemé d’embûches et de souffrances :
« C’est pourquoi j’ai l’impression que ce qui est, est bien. Je vois la Mort comme la Vie, le péché comme la Sainteté, la prudence comme la Folie, et il doit en être ainsi de tout. Je n’ai qu’à y consentir, qu’à le vouloir, qu’à l’accepter d’un cœur aimant. »
Hermann Hesse (1887-1962) est un romancier, essayiste, poète, peintre allemand, puis suisse. Il a obtenu le prix Goethe et le Prix Nobel de Littérature en 1946. Hermann Hesse manifesta très tôt un caractère rebelle, torturé par des pensées suicidaires. 
Il travailla dans différentes librairies, à Bâle en particulier,  puis finit par se consacrer, avec succès, à l’écriture.




D’où lui viennent cette inspiration et ses qualités d’écriture ? Il semble qu’ Hermann Hesse ait été un solitaire, avide de retraites, de voyages et de promenades, avide de satisfaire sa quête artistique et personnelle. Il a ainsi su développer en lui une capacité à transcrire littérairement ses perceptions sensorielles, aptitude sans cesse développée lors d’aventures nouvelles. Il fit en 1911 un long voyage à Ceylan et en Indonésie.
Sa connaissance de la psychologie, suite à une psychanalyse, au cours de laquelle il fit la connaissance de Carl Gustav Jung et son fort intérêt pour une recherche spirituelle marquent profondément  son œuvre. 

Sa profession de foi : une ouverture au monde, la découverte d’une transcendance où s’unissent la vie et l’esprit.
Une adaptation filmée de "Siddharta" a été réalisée par Conrad Rooks en 1972.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire